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ENGIE et AKUO parmi les 26 lauréats du 1er appel d’offres sous le nouveau régime tarifaire espagnol. Le prix moyen des offres s’établit à 24,47 €/MWh.

L’Espagne a présenté en novembre dernier un nouveau cadre tarifaire et un calendrier d’appels d’offres pour le développement de la filière EnR. L’Espagne qui vise un système électrique 100 % renouvelable à l’horizon 2050 prévoit d’augmenter de 60 GW la capacité de son parc sur les 10 prochaines années. Deux Français, Engie et AKUO, font partie des lauréats de l'appel d'offres lancé en décembre avec 5 projets photovoltaïques retenus, qui représentent respectivement 85 MW et 81,2 MW à installer avant 2023 pour un prix moyen de 25 €/MWh.


§ Les derniers appels d’offres lancés en 2017 et 2018, qui ont sorti le secteur du marasme des 5 années antérieures, se sont traduits par l’installation de plus de 4 GW de solaire et 2 GW d’éolien entre 2017 et 2019. Rappelons que ces contrats ont été attribués sans aucune aide publique : les parcs ne trouvent pas d’autre rémunération pour l’énergie vendue que celle obtenue sur le marché de gros. Une rentabilité minimale est cependant assurée (7,09 %).

§ La ministre de la Transition énergétique Teresa Ribera a choisi en 2020 de repenser le fonctionnement des appels d’offres afin de permettre la participation de producteurs de plus petites tailles. En novembre dernier, un nouveau cadre tarifaire et un calendrier ont été publiés. Si les appels d’offres « Nadal » (du nom de l’ancien ministre de l’Énergie) étaient fondés sur un mécanisme complexe de prime à l’investissement, ceux de Ribera sont assez simples avec une rémunération du producteur au prix de son offre (le « pay-as-bid »). Une majoration de la rémunération est possible afin d’inciter le producteur à participer aux mécanismes d’ajustement du réseau ou à offrir sa production aux heures où le prix marché est le plus fort. Les installations dotées de capacités de stockage peuvent bénéficier d’une majoration de 0,25 % du prix offert.

§ La ministre propose un calendrier d’appel d’offres sur 5 ans à raison de 1500 MW par an en éolien et 1800 MW en solaire. Les résultats du premier appel d’offres lancé le 10 décembre 2020 ont été publiés le 26 janvier 2021. L’appel d’offres a été très largement souscrit avec un volume offert 3 fois supérieur au volume appelé. 109 projets ont été attribués pour un total de 3034 MW. Les projets devront être en service début 2023 en ce qui concerne les projets solaires PV, et début 2024 pour les projets éoliens. Le prix moyen des offres s’établit à 24,47 €/MWh. La prévision de prix sur le marché de gros fait état d’un prix moyen autour des 44 €/MWh en 2021. On est donc bien au-dessous du prix courant.

§ Une synthèse est présentée ci-dessous pour mieux comprendre le fonctionnement de ces deux types d’appels d’offres.
  • Appel d’offres « Nadal » (2016 – 2017)
Rémunération : en fonction des investissements à réaliser – CAPEX du projet – en €/MW installé
Fixation des prix : système du « prix d’équilibre » c’est-à-dire le « prix » qui égalise volume offert et appelé
Distorsion du marché : non
Plafond : non, le producteur peut bénéficier des avantages du marché de gros
Plancher : oui, une rentabilité minimale du projet est assurée 
  • Appel d’offres « Ribera » (2020 – 2030)
Fixation des prix : pay-as-bid
Rémunération : en fonction de l’énergie fournie en €/MWh
Distorsion du marché : oui
Plafond : oui, le prix est décorrélé du prix obtenu sur le marché de gros
Plancher : oui, le prix est décorrélé du prix obtenu sur le marché de gros

§ L’association espagnole des entreprises du secteur des énergies renouvelables (APPA) réclame la mise en place à l’avenir d’appels à projets différenciés en fonction des technologies, mais aussi en fonction des capacités de chaque projet. Les projets de grande taille se traduisent par d’importantes économies d’échelle, mais n’aident pas au développement du tissu d’entreprises local. L’APPA rappelle aussi la complémentarité des technologies EnR, et la nécessité d’un mix renouvelable pluriel. On peut évoquer à titre d’exemple l’énorme potentiel des systèmes solaires à concentration en Espagne et en rappeler les deux points forts :
– Ils font appel au même principe de conversion de l’énergie thermique que les centrales thermiques classiques (utilisant des combustibles fossiles ou la réaction nucléaire) et peuvent donc être facilement intégrés à l’infrastructure électrique existante.
– Ils font appel au stockage sous forme de chaleur, qui représente environ un dixième du coût du stockage sur batterie.



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